Les Miresses 5

Les Miresses 5 – Anne Guerrin et la transmission silencieuse des femmes de vision

Avec Les Miresses 5, Anne Guerrin poursuit son cycle consacré aux miresses, ces femmes guidées par une connaissance intuitive, entre soin, vision intérieure et sagesse transmise de génération en génération. Dans cette sculpture en grès, l’artiste saisit une présence intensément humaine, presque mythique, où se mêlent dignité, douceur et profondeur spirituelle.

La figure présentée ici se distingue par un regard ouvert, direct, mais intérieur. Les yeux, légèrement poudrés de matière, n’expriment pas la confrontation : ils révèlent une écoute du monde, une attention silencieuse à ce qui circule, à ce qui échappe au regard ordinaire. Le visage, finement modelé, respire la bienveillance contenue des femmes qui savent, qui veillent, qui accompagnent.

Le travail du grès est d’une richesse remarquable : variations de gris, traces blanches verticales évoquant la pluie, sillons horizontaux comme des empreintes de pas ou des passages du temps. Anne Guerrin utilise les textures de la terre comme un langage à part entière. La sculpture semble avoir été façonnée aussi bien par les mains de l’artiste que par celles des éléments naturels — vent, eau, lumière. On retrouve ces attaches métalliques caractéristiques, véritables sutures poétiques, qui disent la fragilité assumée, la réparation, l’histoire continue d’un être.

La coiffure, faite de deux volumes noués et élevés, confère à la miresse une allure royale, presque cérémonielle. Elle évoque des silhouettes anciennes, peut-être issues de traditions lointaines — mais jamais liées à une culture précise. Les Miresses de Guerrin sont des figures universelles, qui parlent à toutes les mémoires.

Autour de son cou, plusieurs anneaux de grès sculptés forment une parure épurée mais dense, qui ancre la sculpture dans une dimension rituelle. Ces cercles évoquent la protection, le passage, la transmission. Ils renforcent l’idée que les miresses sont des gardiennes, des passeuses, des femmes debout face au temps.

Le buste, long, vertical, traversé de traces liquides et de lignes incisées, semble devenir paysage. On y voit des forêts pluvieuses, des chemins, des strates de terre. Cette dimension tellurique, si caractéristique du travail d’Anne Guerrin, fusionne le corps et la nature en une même entité. La miresse devient territoire, mémoire, monument intérieur.

Avec Les Miresses 5, Anne Guerrin signe une œuvre profondément contemplative. À la fois présence protectrice et témoin silencieux, cette sculpture en grès s’intègre parfaitement dans un intérieur épuré, contemporain ou méditatif. Elle attire l’œil, apaise l’espace, et offre au collectionneur une œuvre unique, expressive, habitée.

Cette pièce s’adresse aux amateurs d’art en quête d’une sculpture symbolique, d’une figure qui raconte sans dire, qui écoute sans juger, et qui porte en elle une sagesse venue de très loin.