Les Miresses 4

Les Miresses 4 – La puissance tranquille des anciennes miresses selon Anne Guerrin

Avec Les Miresses 4, Anne Guerrin poursuit son hommage sculptural aux miresses, ces femmes guérisseuses et voyantes d’autrefois, détentrices d’une connaissance intuitive héritée de générations. Dans cette œuvre en grès, l’artiste capture la force intérieure de ces femmes qui voyaient au-delà du visible, qui percevaient les souffles du monde et accompagnaient les êtres dans leurs passages essentiels.

La figure représentée ici se distingue par son regard ouvert, direct, mais profondément calme. Ses yeux grands et légèrement relevés ne confrontent pas le spectateur : ils semblent plutôt chercher à lire plus loin, à travers les couches du monde. Ce regard, empreint d’une dignité silencieuse, rappelle que les miresses ne voyaient pas avec la simple vue, mais avec une forme d’attention ancienne, attentive aux signes subtils.

Le travail du grès, ici encore, est d’une grande finesse. Les variations grises, blanchies ou terreuses donnent à la pièce une présence minérale saisissante. La matière porte des traces de striures, de passages, de coulures verticales comme des gouttes de pluie séchées — autant d’indices d’un temps qui traverse, sculpte, patine. Anne Guerrin laisse le matériau raconter l’histoire de la terre, tout en lui insufflant la force spirituelle de ses personnages.

La coiffure, composée de deux volumes symétriques qui s’élèvent de part et d’autre du crâne, confère à la sculpture une allure résolument totémique. Elle évoque des silhouettes ancestrales, peut-être rituelles, sans jamais se réduire à une référence culturelle spécifique. C’est cette universalité qui fait la puissance des Miresses : elles appartiennent à toutes les mémoires à la fois.

Autour du cou, des anneaux de grès sculptés s’empilent comme des colliers protecteurs. Ils semblent être des parures de statut autant que des signes d’initiation, marquant la figure comme une gardienne du savoir invisible. Le visage, quant à lui, mélange douceur et détermination : les lèvres légèrement pincées, les pommettes hautes et le front tranquille donnent l’impression d’une figure sereine, ancrée, prête à témoigner.

La partie inférieure du buste, longue et légèrement évasée, présente les strates caractéristiques du travail d’Anne Guerrin. On y voit des traces, des sillons, des motifs qui rappellent des paysages humides, des terrains traversés, des champs labourés. La sculpture devient un territoire vertical, un corps façonné par les éléments.

Ainsi, Les Miresses 4 se présente comme une œuvre profondément contemplative, un point d’équilibre entre matière et esprit. La sculpture s’intègre parfaitement dans un intérieur contemporain, épuré ou minéral, où elle agit comme une présence silencieuse, presque gardienne. Elle est destinée aux amateurs d’art prêts à accueillir une pièce unique, chargée de symbolisme, de mémoire et de force.

Avec cette quatrième variation, Anne Guerrin confirme sa capacité à transformer la terre en figure, la matière en spiritualité, et les souvenirs ancestraux en œuvres d’une contemporanéité vibrante.