Les Miresses 2

Les Miresses 2 – La vision intérieure incarnée dans le grès par Anne Guerrin

Avec Les Miresses 2, Anne Guerrin déploie une nouvelle variation autour de ces figures féminines inspirées des anciennes miresses — ces guérisseuses, voyantes et sages-femmes dont le regard intérieur éclairait les communautés. Le mot, issu de l’ancien français, désigne celles qui savaient voir autrement, qui percevaient les corps, les âmes et les cycles de la vie sans s’appuyer uniquement sur leurs yeux. Cette notion traverse la sculpture tout entière : la figure représentée, aux paupières fermées, semble en pleine écoute du monde subtil, en contact avec une sagesse ancestrale.

Modelée en grès, la sculpture possède une puissance tellurique remarquable. Le matériau, dense et archaïque, ancre la pièce dans une temporalité longue, presque géologique. Sur la surface, Anne Guerrin laisse émerger des textures profondément travaillées : strates, griffures, traces verticales, zones polies ou granuleuses. Autant de marques qui rappellent que les êtres comme les terres sont façonnés par le temps, les intempéries et les expériences. Les fissures stabilisées par des attaches métalliques donnent à l’ensemble une dimension organique — la fragilité assumée devient beauté, la réparation devient geste de continuité.

Le visage de Les Miresses 2 se distingue par son expression de recueillement. Les traits sont apaisés, tendus vers une intériorité silencieuse. Les paupières closes ne traduisent pas une absence, mais une présence accrue, une forme d’attention supérieure. La bouche, légèrement fermée, suggère la retenue et la sagesse de celles qui parlent peu mais juste. Cette sculpture transmet une énergie de calme et de profondeur, comme si elle captait les vibrations d’un monde invisible aux « voyants ordinaires ».

La coiffure, haute et sculpturale, renforce la verticalité de la pièce, soulignant l’élévation spirituelle de la figure. Les grands pendants circulaires aux oreilles accentuent l’identité rituelle de la miresse : ils évoquent des ornements symboliques, hérités de pratiques de soin et de guidance. Quant au plastron qui encadre le cou — composé de fines stries rayonnantes et de petits éclats de grès — il confère une aura presque sacerdotale à la sculpture. Cet ornement n’est pas décoratif : il ressemble à un collier de pouvoir, un attribut transmis de génération en génération.

La partie inférieure du buste, longue et marquée de coulures, renvoie au paysage. On y perçoit des lignes de pluie, des empreintes, des traces de terre — comme si la miresse portait en elle le territoire, la mémoire collective, les saisons qui passent. Cette fusion entre figure humaine et surface minérale est l’une des signatures majeures d’Anne Guerrin : elle crée des personnages enracinés, traversés par le monde, pétris de matière et d’esprit.

Les Miresses 2 n’est pas seulement une sculpture ; c’est une présence tutélaire, une gardienne silencieuse qui semble veiller sur l’espace où elle se trouve. Elle s’intègre merveilleusement dans un intérieur contemporain, méditatif ou épuré, où elle devient un point focal autant visuel que symbolique. Pour les collectionneurs à la recherche d’une œuvre unique, expressive, chargée de sens et de sensibilité, cette pièce en grès constitue un choix particulièrement fort.

Grâce à la maîtrise d’Anne Guerrin, cette sculpture offre bien plus qu’une esthétique : elle propose une rencontre avec une forme de mémoire ancienne, un féminin intérieur, une sagesse qui résonne longtemps après le regard.