Les Miresses 3

Les Miresses 3 – Anne Guerrin et la mémoire sculptée des anciennes voyantes

Avec Les Miresses 3, Anne Guerrin poursuit son cycle sculptural consacré aux figures des miresses, ces femmes guérisseuses, voyantes et sages-femmes de l’Ancien Monde. Héritières d’un savoir intuitif et d’une perception intérieure affûtée, les miresses incarnaient un rapport sensible au corps, aux saisons, à la spiritualité. Dans cette œuvre en grès, l’artiste réactive cette mémoire ancienne et la transpose dans une présence sculpturale de grande intensité.

La figure se présente avec les yeux ouverts, mais le regard demeure habité par une profondeur intérieure : il ne scrute pas le spectateur, il traverse l’espace, porté par une connaissance silencieuse. Les joues et les lèvres, finement modelées, semblent prêtes à émettre une parole rare, peut-être un récit, peut-être un conseil ancestral. L’expression oscille entre détermination douce et contemplation. Cette ambivalence fait toute la singularité de Les Miresses 3 : la sculpture est à la fois ancrée et mouvante, à la fois présente et intemporelle.

Le grès, travaillé dans ses nuances de blanc, de gris et d’ocre, donne à la pièce une dimension organique, presque lithique. Anne Guerrin exploite le potentiel de la matière : ses aspérités, ses fissures, ses zones polies, ses coulures verticales qui évoquent la pluie, le ruissellement, l’érosion. Ces marques du temps participent à l’identité de la sculpture, faisant écho aux traces laissées par les vies longues et les traditions transmises.

L’ornementation du buste est particulièrement riche : autour du cou, un collier épais constitué de galets de grès forme un arc protecteur. En son centre, un médaillon orné de motifs finement sculptés agit comme un symbole, peut-être un sceau de guérisseuse, peut-être un talisman. Cet élément donne à la figure une dimension sacrée, presque cérémonielle. Les deux grandes boucles d’oreilles rectangulaires, quant à elles, prolongent la verticalité du visage et renforcent l'impression de stature et d’autorité intuitive.

La coiffure ample, aux volumes arrondis, apporte au personnage une présence maternelle, presque mythologique. Elle rappelle des silhouettes issues de civilisations anciennes, sans jamais les citer explicitement, procurant à l’œuvre une universalité profonde. Les Miresses, chez Anne Guerrin, ne sont pas des personnages historiques : ce sont des archétypes, des mémoires incarnées.

La partie inférieure du buste, longue et marquée de stries et d’écoulements, évoque la terre elle-même. On y lit des paysages abstraits, des sillons, peut-être des chemins. Cette dimension tellurique, essentielle dans l’œuvre d’Anne Guerrin, crée un lien entre la figure humaine et les forces du monde. La sculpture devient à son tour territoire, archive, témoin silencieux.

Les Miresses 3 s’impose comme une œuvre à la fois puissante et apaisante. Sa présence dans un intérieur contemporain ou dépouillé agit comme un point d’équilibre : elle invite au calme, à la réflexion, à la mémoire. Pour les collectionneurs recherchant une pièce unique, expressive et symbolique, cette sculpture en grès constitue un choix particulièrement fort.

Grâce à la sensibilité d’Anne Guerrin, cette œuvre ne se contente pas de représenter une figure : elle réveille une tradition, transmet un souffle ancien et offre un espace intérieur à celui qui la contemple.