Après de nombreuses années consacrées à l’exploration du corps émotionnel humain et de ses blessures, cette nouvelle série marque une évolution significative dans ma démarche artistique. Anima Corpus propose un regard renouvelé sur mon travail, en introduisant une dimension plus archaïque, plus instinctive : celle de notre part animale.
Il ne s’agit pas ici d’une série animalière au sens traditionnel, mais d’une tentative d’hybridation entre notre humanité et ce qui subsiste en nous d’animalité. Une résonance profonde, souvent étouffée, qui appelle un retour aux sources — non pas comme une régression, mais comme une reconnexion essentielle.
Notre société valorise la construction mentale, l’adaptation aux normes et aux cadres collectifs. En cherchant à répondre à ces exigences, nous finissons souvent par nous couper de nos élans fondamentaux. Ces distorsions intérieures, ces paradoxes vécus au quotidien, créent une forme de désaccord avec nous-mêmes, un éloignement de nos véritables besoins.
Anima Corpus s’inscrit donc dans la continuité de ma réflexion sur la condition humaine, mais en y intégrant cette dimension oubliée : notre lien à l’instinct, à l’intuition, à une forme de sagesse corporelle primitive. Certains y verront un appel à un retour à la nature. Pour ma part, je parle plutôt d’une quête d’équilibre, d’un ajustement intérieur plus juste et plus harmonieux.
Dans ces temps incertains où nos repères vacillent, où la place de l’humain sur Terre semble de plus en plus questionnée, je ressens la nécessité de revenir à l’essentiel. De réinterroger notre rapport au vivant, à notre propre matière.
La terre, justement, est cette matière fondatrice de mon travail depuis toujours. Pour cette série, j’ai choisi de lui apporter une finition nouvelle, en accord avec l’esprit du projet : une patine à la chaux, brute et minérale, qui renforce cette connexion organique à la matière, à la mémoire, à l’origine.

Pascal Borghi

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