Pride

La fierté comme lumière intérieure : “Pride” d’Artigas Planas

Il existe des œuvres qui ne se contentent pas de représenter un geste, mais qui semblent porter en elles un souffle, une pulsation discrète, presque intime. Pride, la sculpture d’Artigas Planas, fait partie de ces pièces rares où l’attitude d’un corps ouvre une réflexion silencieuse sur la confiance, la dignité et la place que chacun se construit dans le monde. Dans cette composition où se mêlent bronze, fer patiné et feuille d’or, l’artiste parvient à cristalliser une émotion à la fois profonde et lumineuse.

Le personnage féminin, modelé en bronze, est assis avec une nonchalance assumée, le dos contre une structure métallique, les jambes repliées dans une posture détendue mais résolue. Elle tient un objet dans les mains — peut-être un livre, peut-être une lettre, peut-être rien d’autre qu’un moment qu’elle s’approprie. Cette femme n’attend rien : elle habite entièrement son espace intérieur. La douceur de son inclinaison n’enlève rien à la force tranquille qui se dégage de sa silhouette. Artigas Planas rassemble dans cette posture une fierté discrète, une assurance qui n’a pas besoin de se montrer pour exister.

Derrière elle, un grand disque recouvert de feuille d’or irradie comme un soleil domestiqué. Sa texture fissurée, vibrante, capte la lumière et la renvoie en éclats doux, presque célestes. Cet or n’est pas une parure : il est une aura. Une manifestation de ce qui émane du personnage. La fierté, ici, n’est pas une posture sociale mais un rayonnement intime, un centre de gravité intérieur qui illumine plus qu’il n’aveugle. Ce cercle d’or devient une métaphore : ce que nous portons en nous peut être plus vaste et plus éclatant que ce que nous offrions au monde.

Le fer, avec ses lignes géométriques simples, forme la scène, le cadre, l’environnement. Il structure, il soutient, il ouvre des perspectives. Les formes carrées évoquent la stabilité, les limites, les repères ; mais elles ne sont jamais fermées, jamais totalement encloses. Artigas Planas compose un espace où la rigueur du métal contraste avec la souplesse du corps humain, créant un dialogue entre force architecturale et fragilité assumée.

Comme beaucoup d’œuvres de l’artiste, Pride peut être posée ou suspendue, offrant une double lecture. Accrochée au mur, elle devient presque une icône moderne, un manifeste visuel de la dignité silencieuse. Posée sur un meuble, elle se fait présence intime, compagnon discret d’un espace de vie ou de travail, rappelant que la fierté véritable n’a rien d’arrogant : elle est un ancrage, une respiration profonde, un accord intime avec soi-même.

Acquérir Pride, c’est choisir une sculpture qui parle moins de conquête que d’acceptation, moins de puissance que d’équilibre intérieur. C’est intégrer dans son intérieur une œuvre qui diffuse une lumière calme et contemporaine, une œuvre où le bronze, le fer et l’or tissent ensemble un récit subtil sur la beauté de se tenir droit, simplement, dans le monde.